Vous tenez à votre santé ? Surveillez le taux de ferritine dans votre sang. Une carence en fer ou une hyperferritinémie peut révéler la présence d’une maladie ou en provoquer.
Est-ce que vous savez que le taux de ferritine dans votre sang conditionne votre état de santé ? En effet, cette protéine joue un rôle très important : elle assure le stockage du fer dans l’organisme. C’est pourquoi votre médecin traitant vous prescrira un dosage de ferritine s’il soupçonne une carence ou au contraire une surcharge en fer.
La question est alors de savoir à partir de quel taux on parle d’hypoferritinémie ou d’hyperferritinémie et quelles en sont les causes. Vous devez vous demander quel doit être le dosage normal dans le sang. Découvrez les réponses dans le présent article.
Sommaire
La ferritine, une protéine essentielle au bon fonctionnement de l’organisme
Elle est localisée dans les cellules de nombreux organes, principalement le foie, la rate, la moelle osseuse et les muscles squelettiques. Cette protéine circule également dans le sang (on parle alors de ferritine sérique), mais en plus petite quantité.
D’ailleurs, il est d’usage de se référer à son dosage dans le sang (ferritinémie) pour connaître l’état des réserves en fer de l’organisme. Selon un rapport de la Haute Autorité de Santé de 2011, 1 microgramme par litre de ferritine sérique correspond à environ 10 milligrammes de fer en réserve.
À ne pas confondre avec la transferrine (synthétisée par le foie et chargée de transporter le fer dans le sang), cette protéine contribue à la métabolisation du fer. En effet, sa structure lui permet de capturer les excès provenant de l’alimentation ou de la dégradation des globules rouges. Le fer est stocké à l’intérieur de ses cavités, sous une forme inactive et non toxique appelée ferricité. Et lorsque l’organisme a besoin de fer, celui-ci est progressivement libéré pour répondre à la demande.
Pour rappel, le fer est un constituant de l’hémoglobine. C’est grâce à ce nutriment que les globules rouges transportent l’oxygène dans l’organisme. Par ailleurs, il participe à la synthèse de l’ADN, ainsi qu’au bon fonctionnement du système immunitaire.
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Les niveaux normaux de ferritine selon l’âge et le genre
Différentes techniques existent pour mesurer le taux de ferritine dans l’organisme. Ainsi, les niveaux normaux de ferritine peuvent varier d’un laboratoire à un autre. Mais en principe, les valeurs de référence sont indiquées sur le compte-rendu d’analyses. À défaut d’indication, demandez l’avis de votre médecin.
D’une manière générale, le taux de ferritine normal dans l’organisme est compris entre :
- 30 et 300 ng/ml (nanogrammes par millilitre) chez l’homme adulte ;
- 30 et 300 ng/ml chez la femme de plus de 50 ans ;
- 15 et 200 ng/ml chez la femme de moins de 50 ans ;
- 7 et 140 ng/ml chez l’enfant ;
- 50 et 400 ng/ml chez le nouveau-né.
Comme l’indiquent les chiffres ci-dessus, le taux de ferritine est élevé à la naissance. En revanche, il est relativement bas chez la femme jusqu’à la ménopause. Trois causes expliquent cela :
- Les menstruations en raison des pertes de sang ;
- La grossesse au cours de laquelle le développement du fœtus entraîne une augmentation de la consommation en fer ;
- L’allaitement, car les besoins en fer augmentent également.
On notera d’ailleurs que certaines femmes souffrent d’anémie, c’est-à-dire d’une carence en fer, pendant la grossesse. Dans ce cas de figure, le taux de ferritine doit faire l’objet d’une surveillance régulière.
L’hyperferritinémie, signe d’une saturation en fer
Le niveau de ferritine, un excellent biomarqueur, est considéré comme élevé lorsqu’il dépasse les niveaux normaux de ferritine. On parle alors d’hyperferritinémie. Cette dernière peut être associée à une surcharge en fer, mais ce n’est pas toujours le cas. Plusieurs causes expliquent un taux de ferritine élevé, en particulier :
- Le syndrome métabolique : l’accumulation de graisse au niveau du foie (stéatose) qui le caractérise favorise le transfert de la ferritine hépatique vers le sang. Pour information, ce syndrome associe plusieurs troubles de santé, entre autres le surpoids ou l’obésité, un diabète, une pression artérielle élevée, une hausse du cholestérol ou des triglycérides dans le sang.
- La consommation chronique d’alcool : en France, il s’agit du deuxième facteur de risque de majoration de concentration de la ferritine.
- L’inflammation : elle peut être provoquée par une infection (hépatite virale, Covid-19, rhumatisme…) ou une maladie inflammatoire, chronique et/ou auto-immune telle que l’arthrite et la maladie de Crohn.
- Certains cancers tels que celui du système lymphatique (également appelé maladie de Hodgkin).
- Une lyse cellulaire hépatique ou musculaire : cette maladie entraîne une hyperferritinémie proportionnelle à l’importance de la destruction cellulaire.
D’autres causes plus rares peuvent aussi entraîner des niveaux anormalement élevés de ferritine. On cite notamment l’hémochromatose lorsque le taux est supérieur à 1 000 mg/L. Provoquant une hyperabsorption intestinale de fer, cette maladie héréditaire liée au gène HFE provoque une surcharge en fer toxique pour l’organisme. Elle détruit alors peu à peu plusieurs organes, notamment le foie, le pancréas et le cœur.
L’hémochromatose HFE, une maladie génétique à ne pas négliger
Environ 1 personne sur 300 en France serait porteuse de la principale anomalie génétique responsable de cette maladie. C’est ce qu’indique l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Concrètement, les patients atteints d’hémochromatose sont porteurs de 2 gènes HFE ayant la mutation C282Y. Ils peuvent alors présenter les signes cliniques suivants :
- Une fatigue chronique ;
- Des douleurs articulaires dans les hanches et au niveau des doigts, ainsi que des poignets ;
- Une pigmentation de la peau, qui devient grisâtre ou de couleur bronze ;
- Une importante chute de cheveux et de poils, etc.
Un traitement est alors nécessaire pour éviter les complications. En effet, au niveau du foie, une cirrhose est à craindre. Le risque de développer un cancer de cet organe est alors important. Et au niveau du cœur, cette maladie peut provoquer une insuffisance cardiaque.
L’hémochromatose peut en outre être à l’origine de bouleversements hormonaux. Il se peut par exemple que le pancréas ne produise plus de l’insuline, conduisant ainsi au diabète. À cela s’ajoute le risque d’impuissance et de ménopause précoce…
Pour comprendre les causes de la surcharge en fer, le médecin demande une évaluation du coefficient de saturation de la transferrine. Si le taux est supérieur ou égal à 45 %, un second dosage accompagné d’un test génétique est requis pour confirmer le diagnostic. Une fois que le diagnostic d’hémochromatose est posé, le médecin met en place un traitement qui consiste à faire baisser la ferritine.
Faire diminuer le taux de ferritine dans le sang : les solutions
Le traitement est défini au cas par cas. En cas d’hémochromatose par exemple, le médecin prescrira des saignées régulières afin de réduire la concentration de ferritine dans le sang. Cela consiste à prélever du sang en quantité variable (environ 400 ml pour les femmes et 500 ml pour les hommes) pendant 10 à 15 minutes. De manière hebdomadaire pour commencer, puis plus espacée au fil des mois. Les saignées permettent d’éviter la surcharge en fer et donc les dépôts de ferritine. Elles forcent aussi l’organisme à aller puiser dans ses réserves de fer pour fabriquer de nouveaux globules rouges.
Dans le cas où l’hémochromatose n’est pas la cause sous-jacente de l’hyperferritinémie, il faut commencer par traiter la maladie qui est à son origine. Si cette situation est la conséquence d’une inflammation chronique, le médecin se penchera sur le traitement de la maladie inflammatoire pour normaliser le taux de ferritine. Il faudra alors surveiller son évolution, ainsi que l’efficacité du traitement.
Dans certains cas, des ajustements du régime alimentaire pourront être requis pour limiter les apports en fer héminique. Il s’agira alors de favoriser les aliments qui inhibent son absorption comme les laitages et les eaux riches en calcium. Pour votre santé, limitez également les aliments riches en fer (notamment les abats et la viande rouge.) et supprimez les suppléments de fer. Par la suite, il convient d’adopter une bonne hygiène de vie (sport, sevrage d’alcool définitif, perte de poids en cas de surcharge pondérale…).
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Attention également à l’hypoferritinémie !
Un taux de ferritine faible dans le sang est généralement le signe d’une carence en fer. On parle alors d’hypoferritinémie. Cette dernière peut avoir plusieurs causes, entre autres :
- Un régime végétarien étant donné que les aliments les plus riches en fer sont d’origine animale ;
- Un don de sang ;
- Des hémorragies gynécologiques suite à la présence d’un fibrome ou l’utilisation d’un stérilet ;
- Une grossesse ;
- Une activité physique intensive et régulière.
Dans la plupart des cas, la carence en fer est facile à diagnostiquer. Il suffit d’observer les signes cliniques (pâleur, fatigue, étourdissements, troubles du sommeil, crampes, douleurs musculaires…) et d’effectuer une prise de sang. Il se peut néanmoins que l’hypoferritinémie soit difficile à détecter en raison d’une maladie inflammatoire.
Lorsque la carence en fer est plus avancée, on peut observer d’autres symptômes chez le sujet anémié, notamment :
- Une peau sèche ;
- Des gerçures aux coins des lèvres ;
- Une chute capillaire ;
- Une augmentation de la sensibilité au froid ;
- Des ongles striés et cassants.
Par ailleurs, le patient anémié voit son pouls augmenter et son système immunitaire s’affaiblir. Ce qui le rend vulnérable aux maladies infectieuses ou allergiques. Une carence en fer favorise en outre les maladies cardiaques.
Concernant le traitement de l’hypoferritinémie, il varie en fonction de la cause. En général, le médecin prescrit une augmentation de l’apport en fer via l’alimentation, mais surtout des compléments alimentaires à base de fer. Les femmes enceintes par exemple doivent prendre des médicaments riches en fer et en acide folique. Et ce, afin d’éviter les complications (accouchement prématuré, infections maternelles après l’accouchement, troubles cognitifs chez l’enfant…).