Bipolarité et vie professionnelle : les patients bipolaires sont-ils intelligents au travail ?

Est-ce que les patients atteints de troubles bipolaires peuvent posséder une intelligence supérieure à la moyenne ? Les bipolaires sont-ils plus intelligents que leurs collègues dans la vie active ? Découvrez tout sur leurs capacités cognitives.

Vous avez découvert qu’un proche ou un collègue de travail est atteint de troubles bipolaires. Vous souhaitez probablement savoir comment elle peut se débrouiller dans la vie professionnelle. Les bipolaires sont-ils plus intelligents que nous ? Cette question, vous êtes nombreux à vous la poser.

Il faut dire que les individus vivant avec la bipolarité ont la réputation de détenir une capacité cognitive supérieure à la moyenne. Info ou intox ? Nombre d’entre eux sont d’ailleurs considérés comme des génies, des surhommes. En même temps, entre le génie et la folie, il n’y a qu’un pas, surtout au travail !

Bipolarité rime avec créativité

À votre avis, quel est le point commun entre Ludwig van Beethoven, Robert Schumann et Friedrich Nietzsche (à part le fait qu’ils étaient allemands) ? Vous avez vu juste ! Les deux compositeurs et le philosophe étaient bipolaires. Tout comme le peintre néerlandais Vincent Van Gogh. D’ailleurs, la journée mondiale des troubles bipolaires est célébrée le 30 mars, la date d’anniversaire de ce dernier.

Depuis, bien des années se sont écoulées et cette question se pose toujours : les bipolaires sont-ils intelligents ? Ce que l’on sait, c’est que de nombreux acteurs, musiciens, chanteurs, écrivains et artistes vivent (ou ont vécu) avec cette maladie. Citons notamment Frank Sinatra qui fut le crooner le plus adulé de son époque, le légendaire guitariste Jimi Hendrix ou encore l’inimitable Mariah Carey. Sans oublier les prix Nobel comme l’écrivain Ernest Hemingway. D’ailleurs, concernant les grands prix littéraires, le psychiatre Patrick Lemoine explique dans une émission diffusée sur Europe 1 que la bipolarité accroît les chances d’être un génie.

Quels sont les ouvrages abordant la corrélation entre la bipolarité et l'intelligence ?
Livre broché (édition 2019). Crédit photo : Amazon

Pour rappel, la bipolarité désigne une maladie mentale et psychique complexe. Les patients étant sujets à des changements d’humeur extrêmes. Tantôt ils passent par une phase d’euphorie dite maniaque ou hypomaniaque, tantôt par un épisode de dépression. Des symptômes qui ne peuvent être atténués que par un traitement et une prise en charge appropriés. Les patients doivent notamment prendre des médicaments pour stabiliser leur humeur et suivre des séances de psychothérapie. Et ce, tout au long de leur vie.

VOIR AUSSI : Quand couper les ponts avec une personne bipolaire ?

La bipolarité et l’intelligence : des concepts indissociables ?

Plusieurs recherches menées sur le sujet. Notez que certaines d’entre elles fassent ressortir une corrélation entre l’intelligence des enfants et le risque de développer des troubles bipolaires plus tard. Notamment une étude britannique menée en 2015 et publiée dans PubMed Central (la base de données du National Institutes of Health). Celle-ci s’est basée sur les scores de quotient intellectuel d’enfants âgés de 8 ans. Elle a démontré que le risque de devenir bipolaire à l’âge adulte est particulièrement accru chez les sujets ayant un QI élevé.

Par ailleurs, une autre étude, réalisée par MacCabe et al., a analysé les résultats scolaires de jeunes suédois de 15 et 16 ans. Elle en a déduit que le risque de développer cette maladie à l’âge adulte est 4 fois supérieur pour les élèves ayant obtenu les meilleures notes.

Néanmoins, aucune étude ne permet de vérifier si les bipolaires sont plus intelligents que la moyenne de la population.

S’il est difficile d’établir un lien direct entre la bipolarité et l’intelligence, c’est parce que d’autres éléments doivent également être pris en compte. Entre autres les antécédents familiaux (autrement dit le facteur génétique) et le contexte socio-économique. En outre, les résultats sont susceptibles de varier selon les méthodes utilisées pour mesurer l’intelligence. 

L’intelligence ne se résume pas au QI

Vous l’aurez compris. Les bipolaires ne sont pas tous dotés d’une intelligence exceptionnelle. De même, les personnes ayant un QI supérieur à la moyenne ne développent pas nécessairement des troubles bipolaires. En effet, chaque individu est unique, avec ses propres forces et faiblesses en matière de capacité cognitive. Notez par ailleurs que l’on distingue plusieurs formes d’intelligence :

  • L’intelligence émotionnelle : l’individu doté de cette forme d’intelligence est capable de percevoir, de décoder, de comprendre et de gérer ses émotions. Il en est de même pour celles des autres ;
  • L’intelligence sociale : elle demeure essentielle pour réussir dans le monde du travail, mais aussi dans sa vie personnelle. Cette forme d’intelligence désigne la capacité d’un individu à comprendre autrui et à interagir efficacement avec son entourage ;
  • L’intelligence créative : il s’agit de la capacité à sortir des sentiers battus, autrement dit imaginer et produire des idées innovantes.

Dans un spectre plus large, on en compte huit :

Néanmoins, qu’elles soient des génies ou non, tous s’accordent à dire que les personnes atteintes de troubles bipolaires possèdent un sens de la créativité accru. Ce dernier est notamment stimulé durant l’hyperactivité mentale qui accompagne la phase maniaque ou hypomaniaque. À cela s’ajoute une irritabilité intense qui peut être transformée en énergie positive lorsqu’elle est bien canalisée.

La question n’est donc pas de savoir si les bipolaires sont intelligents lorsqu’ils sont dans un bon état d’esprit. Il s’agit plutôt de trouver des moyens d’augmenter leur productivité au travail durant les épisodes dépressifs.

Les bipolaires au travail : leur fonctionnement

Avant toute chose, sachez que les personnes bipolaires ont la particularité de faire preuve d’une flexibilité intellectuelle. Cela s’explique par les perturbations neurologiques qui affectent principalement le lobe frontal du cerveau. Celles-ci se produisent dans ce qu’on appelle les circuits mésolimbiques ou frontosouscorticaux. Ainsi, la maladie bipolaire ne constitue plus un handicap à partir du moment où les patients ont la possibilité de travailler dans des conditions adaptées à leur état de santé.

Comment accompagner un collègue bipolaire au travail ?

Il s’agit donc de mettre en place un accompagnement qui consiste en des aménagements essentiellement humains et organisationnels, à savoir :

  • Sensibiliser les employés de l’entreprise au handicap psychique pour que la personne bipolaire ne se sente pas obligée de cacher ses symptômes. Ceci ayant un effet délétère sur la maladie.
  • Aménager un bureau individuel pour limiter les perturbations sensorielles.
  • Proposer des horaires flexibles et éventuellement le télétravail partiel.
  • Fournir un accompagnement visant à favoriser l’autonomie de l’employé bipolaire et l’aider à s’affirmer sur son lieu de travail. L’objectif est qu’il ait confiance en lui afin qu’il puisse s’engager.

Conclusion

Tout comme les personnes dépourvues de troubles mentaux, les bipolaires peuvent posséder une capacité cognitive supérieure à la moyenne. Qu’il y ait une corrélation ou non, une chose est certaine : la créativité constitue l’une des qualités inhérentes au trouble bipolaire. Elle s’avère utile dans la vie quotidienne comme au travail. Le tout est de bien gérer la maladie en suivant un traitement pour atténuer les symptômes. De quoi prévenir les sautes d’humeur et la dépression

Mais les bipolaires sont-ils intelligents sans accompagnement ? Pas si sûr. Ils peuvent beaucoup apporter aux entreprises, à condition d’instaurer un environnement qui facilite leur intégration. Continuez à nous suivre pour découvrir d’autres sujets intéressants autour de la bipolarité et des autres maladies affectant la santé mentale !

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