La prescription d’antibiotiques est-elle encore automatique en France ?

Vous vous souvenez certainement du slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Il a été lancé par Santé publique France pour freiner la consommation de ces médicaments. Qu’en est-il aujourd’hui ? Découvrez-le dans le présent article.

À votre avis, quel pays est le plus gros consommateur d’antibiotiques en Europe ? Si vous avez répondu la France, vous avez vu juste. Notre consommation d’antibiotiques est effectivement 5 fois plus élevée qu’aux Pays-Bas et 4 fois plus qu’en Allemagne. Quant aux Américains, ils en utilisent 2 fois moins.

Face à ce constat, Santé publique France a d’abord lancé le slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Et aujourd’hui encore, l’organisme mène une campagne de sensibilisation prônant une meilleure utilisation de ces médicaments. Retrouvez les détails dans le présent article.

Prescriptions et prise d’antibiotiques : où en est-on ?

De 2012 à 2020, une importante baisse du nombre de prescriptions et de consommation de ces produits avait été observée. La diminution s’était enclenchée de manière progressive jusqu’à atteindre son pic durant l’épidémie de COVID-19. En effet, les mesures sanitaires (rappelez-vous : l’instauration des confinements et la mise en place des gestes barrières) avaient entraîné une réduction de certaines infections. De plus, la population française était dans la quasi-impossibilité de consulter un médecin.

Mais dès l’année suivante, les prescriptions et la consommation d’antibiotiques ont connu une hausse de 14 %, comme l’indique l’Agence nationale de santé publique. Une tendance qui s’est poursuivie en 2022 avec la fin des mesures sanitaires. L’augmentation étant alors de 16,6 %. Ainsi, plus de 800 ordonnances pour 1 000 habitants ont été délivrées en 2023 (hors hospitalisations). Par ailleurs, il importe de préciser qu’environ 90 % des antibiotiques sont dispensés en ville.

La consommation d’antibiotiques n’est pas la même pour tous les patients

Comparés aux chiffres de 2019, ceux de 2022 sont légèrement inférieurs. On pourrait donc croire que le slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique » lancé en 2002 s’est ancré dans l’esprit des Français. Seulement voilà, ils ne concernent que les adultes.

En pédiatrie en revanche, le recours à ces médicaments est quasi systématique, en particulier chez les enfants âgés de 0 à 4 ans. Les statistiques le prouvent puisqu’elles dépassent celles de la période pré-COVID. Ainsi, la consommation d’antibiotiques d’un enfant de moins de 3 ans en France est 3 fois supérieure à celle d’un adulte.

Quant aux enfants de 5 à 14 ans, ils utilisent autant d’antibiotiques en 2022 qu’avant la période pré-COVID. La hausse étant de 41,8 % par rapport à l’année précédente, ce qui équivaut aux niveaux observés en 2019.

Deux raisons pourraient expliquer cette augmentation. D’une part, la recrudescence des infections invasives à streptocoque du groupe A (SGA) qui ont affecté les jeunes enfants au cours de l’hiver 2022-2023. Principalement les moins de 10 ans. Et d’autre part celle des cas de bronchiolite chez cette catégorie de la population.

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Pourquoi nous avalons autant de médicaments ?

En matière de soins en France, les antibiotiques sont légion. Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait. Premièrement, notre perception de la médecine. En France comme dans les autres pays d’Europe du sud, la santé individuelle passe avant celle de la collectivité. C’est l’inverse dans les pays d’Europe du nord. Aussi, un rien nous préoccupe et nous courrons aussitôt chez notre médecin.

Deuxièmement, nous avons aussi souvent recours à ces médicaments en raison de notre mode de consultation médicale. En effet, dans les pays comme le nôtre où les consultations sont rémunérées à l’acte, les médecins prescrivent souvent des antibiotiques. Cela, pour que vous ne vous dites pas que vous avez payé « pour rien ».

Enfin, si nous prenons autant d’antibiotiques, c’est tout simplement parce que nous avons facilement accès à un médecin. Et plus nous nous rendons chez ce professionnel de santé, plus il nous prescrit ces médicaments. En revanche, lorsque consulter un médecin relève du parcours du combattant (comme c’est le cas en Angleterre), on ne peut pas recevoir d’antibiotiques chaque fois que l’on tombe malade. Ce qui fait que la plupart du temps, on guérit sans traitement au bout de quelques jours.

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Pourquoi notre consommation d’antibiotiques est pointée du doigt ?

À cause des effets indésirables (allergie, diarrhée, vomissement…) bien entendu, mais pas seulement. Le deuxième — et non des moindres — inconvénient du traitement par antibiotiques, c’est son impact sur notre santé.

Sur le long terme, une surconsommation d’antibiotiques perturbe la flore et génère une résistance à ces médicaments, c’est-à-dire une antibiorésistance. Ainsi, les pays qui utilisent peu d’antibiotiques présentent peu, voire pas du tout de résistance à ces médicaments. Par contre, les pays qui en consomment énormément affichent des taux de résistance très élevés.

Notez que ce problème de santé affecte déjà de nombreux patients dans les établissements de santé en France. À tel point que les impasses thérapeutiques se multiplient. Pour information, le terme d’« impasse thérapeutique » est utilisé lorsque les médecins ne disposent plus d’aucun moyen pour lutter contre une infection bactérienne chez leurs patients. Et si rien n’est fait, d’ici quelques années, cette situation se généralisera, car on ne découvrira plus de nouveaux antibiotiques pour se soigner correctement.

Vers une réduction de la consommation d’antibiotiques de 25 % d’ici un an

C’est en tout cas ce que Santé publique France envisage en instaurant sa stratégie nationale 2022-2025 visant à prévenir les infections et l’antibiorésistance. Pour cela, l’organisme rediffuse depuis le 1er décembre dernier la campagne « Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser ».

Faisant suite au slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique », cette campagne nous encourage à changer d’attitude envers ces produits. Il faut dire que les données actuelles n’ont rien de rassurant. En effet, l’Agence nationale de santé publique fait état d’une augmentation de :

  • 22 % des prescriptions d’amoxicilline ;
  • 17,8 % des prescriptions associant cet antibiotique avec l’acide clavulanique.
  • 21,4 % de celles des céphalosporines.

Pour rappel, tous ces antibiotiques ne sont indiqués que pour le traitement des infections causées par des bactéries. En cas de grippe, de rhume ou d’autres infections virales, ces médicaments ne sont d’aucune utilité. Aussi, rien ne sert de courir chez votre médecin dès l’apparition des premiers symptômes, car à ce stade, il ne pourra dire s’il s’agit d’une infection bactérienne ou virale.

Conclusion

Les autorités de la santé continuent de sensibiliser les patients dans ce pays où la consommation d’antibiotiques compte parmi les plus inquiétants en Europe. Les mesures concernant la prise de médicaments devraient se durcir puisque le gouvernement se penche actuellement sur la délivrance à l’unité. Le but ? Prévenir la pénurie et éviter le fléau de l’antibiorésistance aux bactéries et aux virus en France.

Vous l’aurez compris, la prescription d’antibiotiques, c’est vraiment pas censé être automatique ni en France ni ailleurs ! Restez avec nous pour découvrir d’autres sujets autour du traitement antibiotique.

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