La trypophobie, ou phobie des trous, correspond à une sensation de malaise ou de dégoût ressentie par certaines personnes devant des motifs géométriques rapprochés ou des regroupements de petits trous.
Sommaire
Qu’est-ce que la trypophobie ?
Par définition, la trypophobie est une sensation de répulsion intense ressentie à la vision d’images, d’animaux ou d’objets considérés dérangeants visuellement par les phobiques. Ces images peuvent être, par exemple, des fleurs de lotus, des nids d’abeilles ou des bulles. Parfois, ce sont des photomontages où on peut voir des amas de trous sur des visages, des mains ou des pieds. C’est la présence de formes géométriques rapprochées et d’amas de petits trous qui provoque la réponse de malaise chez la personne phobique. A la vue de ces choses, les trypophobes peuvent avoir des crises de panique dans les cas les plus extrêmes.
La première mention de cette phobie est encore récente, en 2005 seulement. C’est un internaute qui l’a mentionné la première fois. La trypophobie est une peur un peu à part. Elle n’a pas le statut d’autres phobies comme l’agoraphobie (la peur des foules) ou l’arachnophobie (peur des araignées). En effet, elle ne correspond pas à l’appréhension d’un danger réel. Ce n’est, à ce jour, pas reconnu comme un trouble mental ou une maladie. La trypophobie n’est donc pas mentionnée dans le DSM (le manuel statistique et diagnostique recensant les troubles mentaux connus). Néanmoins, on considère que cette peur s’apparente à la catégorie des phobies spécifiques. Ce sont des peurs associées à des situations ou des éléments particuliers. La trypophobie est donc dans un entre-deux, mais elle est de plus en plus reconnue par le personnel médical, particulièrement quand elle impacte la vie des phobiques.
Contrairement aux phobies comme la phobie sociale, les personnes atteintes ne ressentent pas de peur face à la situation, mais plutôt du dégoût et de l’angoisse. La trypophobie diffère donc d’une phobie « classique » par la façon dont elle se manifeste chez les individus.
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Quels sont les symptômes de la trypophobie ?
La trypophobie se manifeste principalement par une sensation d’aversion et de malaise face aux images où on perçoit ce genre de motifs (trou, bulle, …). De plus, les trypophobes peuvent ressentir des signes d’angoisse comme des palpitations ou des tremblements. Parmi les symptômes, les phobiques peuvent aussi suer, avoir la nausée, des frissons ou même avoir une attaque de panique dans les cas les plus extrêmes. Pour certaines personnes chez qui la phobie est intense, toute situation phobogène peut vraiment impacter la vie quotidienne. Comme les autres phobies, la trypophobie est irraisonnée, elle ne se contrôle pas.
D’où vient la phobie des trous ?
L’origine de la trypophobie n’est pas certaine. Son existence n’ayant été reconnue que récemment, peu d’études ont été faites. Les causes de cette phobie sont encore des suppositions.
Deux théories se distinguent :
- Selon les scientifiques Geoff Cole et Arnold Wilkins, chercheurs à l’université de l’Essex en Angleterre, la trypophobie serait une réaction biologique inconsciente. Les images de formes géométriques nous rappelleraient instinctivement et inconsciemment la peau de certains types de prédateurs. Cela évoquerait certains animaux venimeux comme les serpents, les araignées ou les insectes. La trypophobie serait donc liée à l’évolution. Ce serait un mécanisme de défense naturel qui nous alerterait d’organismes potentiellement dangereux.
- La trypophobie renverrait à la vision de maladies infectieuses type parasitaires comme la rougeole, le typhus ou la gale. Ce serait donc aussi une réaction biologique innée transmise par l’évolution. Les images présentant des trous sur le corps humain pourraient évoquer la maladie, la chair en décomposition et la mort. Ce serait un réflexe naturel que d’éviter ces situations.
- Dans certains cas, la présence de troubles compulsifs obsessionnels (TOC) ou de troubles anxieux au préalable pourrait contribuer au développement de la phobie.
Comment la traiter ?
Il n’y a pas de traitements spécifiques aux phobies. Celles-ci peuvent être innées ou être liées à d’autres causes sous-jacentes. Néanmoins, chez certains individus, consulter un psychologue et expérimenter la thérapie d’exposition peut se révéler efficace face à la trypophobie. S’exposer à répétition à des images provoquant la réaction de malaise peut être bénéfique à long terme. La thérapie d’exposition fait partie de la famille des thérapies cognitives comportementales (TCC). Elles sont très utilisées dans le traitement des phobies. Recourir à ce genre de thérapies peut considérablement améliorer la qualité de vie du patient.
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Récemment, de nombreux photo-montages et vidéos ont fait leur apparition sur internet, où on voit des mains couvertes de petits trous, ce qui déclenche chez les personnes phobiques cette sensation de dégoût. Ces images sont très populaires, et se relaient beaucoup sur les réseaux sociaux. Etre confronté à ces images de façon répétée serait une forme de thérapie d’exposition. Néanmoins, celle-ci n’a pas de caractère officiel. La vision de ces images modifiées est aussi une sorte de test à la trypophobie. Selon le sentiment qu’elles vous provoquent, vous aurez une idée de votre sensibilité à la phobie. Néanmoins, en cas de doute, il est impératif de consulter. Seul un professionnel saura vous accompagner et vous proposer un traitement adapté si cela est nécessaire.
De plus, cette phobie peut être liée à des troubles anxieux chez les patients. Traiter cette anxiété et ces troubles en premier lieu peut améliorer significativement les symptômes de la phobie. Il est toujours nécessaire de chercher l’origine du trouble pour le soulager ou le soigner complétement. Si la trypophobie devient une part handicapante de votre quotidien et impacte même votre santé, parlez-en à votre médecin généraliste. Ce dernier pourra vous adresser à un professionnel type psychologue qui saura vous accompagner.